Sœur Louise Granger
5 juin 1906 – 15 octobre 2003
Sœur Louise Granger, en religion S. Alfrid-Marie, est décédée à l’infirmerie de la Résidence Jésus-Marie le mercredi après-midi, 15 octobre 2003. L’ont précédée ses trois frères, David de l’ordre des Frères prêcheurs, Alfred et Joseph; ses sept sœurs, Héléna Auger, Délia Girard, Adélina (sœur Bertheline, s.n.j.m.), Annette Fillion, Antoinette St-Vincent, Cécile Parent, Berthe Valcourt. Elle laisse dans le deuil une belle-sœur (Elizabeth) et de nombreux neveux et nièces qu’elle chérissait beaucoup et qui lui étaient bien fidèles.
Née à Saint-Jean-Baptiste en juin 1906, de Victorine (Vermette) et d’Arthur Granger, elle est la sixième d’une belle famille chrétienne étroitement unie, composée de onze enfants. Élevés à la ferme, éloignés des voisins, nous étions assez nombreux, dit-elle, pour organiser nos propres jeux et avoir beaucoup de plaisir en famille.
À six ans, après à peine deux mois dans sa première année scolaire au Couvent des Saints Noms de Jésus et de Marie de sa paroisse, une vilaine pneumonie la frappe. Selon le médecin elle ne s’en sauvera pas. L’abbé Clovis St-Amant, curé, et sa bonne maman la préparent si bien à la rencontre avec son Créateur et lui peint le ciel d’une telle beauté que la petite Louise est très déçue et ne se résigne pas facilement quand on lui apprend qu’elle va guérir et par conséquent n’ira pas au ciel tout de suite! Et dire qu’il lui a fallu plus de 90 ans avant de réaliser cette anticipation des merveilleuses joies célestes!
Louise poursuit ses études au Couvent des Saints Noms de Jésus et de Marie à St-Jean-Baptiste. Trop tôt à son goût, elle doit les interrompre afin d’aider à sa mère dont la santé fléchit. Sous la direction de sa mère, très rapidement Louise continue à s’initier aux travaux ménagers et s’occupe de tout ce qui constitue la bonne tenue d’une maison. Il est approprié de lui appliquer ces versets du Livre des Proverbes: « Une femme parfaite, qui la trouvera? Elle a bien plus de prix que les perles! … « De sa maisonnée elle surveille le va-et-vient, elle ne mange pas le pain de l’oisiveté. » (31, v. 10 et 27). Quand ses plus jeunes soeurs prennent la relève, Louise s’empresse de réaliser l’idéal qu’elle chérit depuis longtemps: devenir religieuse. Elle choisit de suivre l’appel du Seigneur dans la Congrégation des Saints Noms de Jésus et de Marie et entre au noviciat des SNJM à Outremont en 1927.
Après avoir prononcé ses premiers vœux, en 1929, Sœur Alfrid-Marie enseigne deux ans au Québec. À son retour au Manitoba, elle se spécialise auprès des jeunes du cour primaire, enseignant pendant 40 ans dans plusieurs couvents manitobains de sa Congrégation ainsi qu’un long séjour de 11 ans à Duluth, Minnesota. Comme elle les aimait ses petits et tout particulièrement ceux de la Maternelle. Elle avait tellement le tour avec eux. Très ingénieuse, douée de beaucoup de créativité, elle avait un don exceptionnel pour leur apprendre à lire, à écrire, à compter, surtout à apprendre leur religion de façon si innovatrice. C’était tellement charmant de voir ses bambins dramatiser certaines scènes évangéliques. Ses compagnes ne cessaient de s’émerveiller devant les petites fêtes qu’elle organisait pour ses « chéris ». Ainsi, à la fête de la « Sainte Catherine », le 25 novembre, Soeur Louise préparait avec eux de la vraie tire … après la fête, elle en avait pour des heures à nettoyer pupitres chaises, portes!
Après sa belle et longue carrière comme éducatrice, Sœur Louise entreprend une seconde carrière plutôt unique et qui l’occupe presque à temps plein: celle de chauffeuse à la Résidence Jésus-Marie et cela pendant 20 ans! C’était un défi qu’elle a su relever avec succès. Toujours disponible, c’est avec ponctualité, beau temps, mauvais temps, qu’elle était à son poste pour conduire ses passagères à destination.
Tout au long de ses deux longues carrières, Sœur Louise savait soutenir son enthousiasme et son énergie en jouissant annuellement de quelques semaines de vacances au chalet des SNJM à Camp Morton, au bord du lac Winnipeg. Dans la belle et reposante nature qu’elle admirait tant elle savait refaire ses forces et son plein d’essence pour l’année à venir.
La doyenne de notre province SNJM depuis plus d’un an, Sœur Louise nous faisait oublier qu’elle est nonagénaire avancée. Ses journées passées à l’infirmerie étaient fort bien remplies. En plus des heures nombreuses consacrées à la prière, Sœur Louise sait meubler son intelligence de maintes et une façons. Si reconnaissante d’avoir « retrouvé » ses yeux, elle consacre de belles heures à la lecture. Les mots croisés et les casse-tête n’ont pas beaucoup de mystère pour elle. Que dire de son vif intérêt pour le hockey? C’est à parier que Sœur Louise passerait avec excellence un test sur ce jeu canadien qui depuis longtemps captive ses loisirs de longues heures durant. Les équipes, les joueurs, elle les connaît très bien. Durant les Olympiques, quelle que soit l’heure de la nuit, Sœur Louise est au rendez-vous pour suivre les joutes à la télévision!